3 octobre 2020 — Confirmation et trois sacrements de l’initiation chrétienne paroisse Saint-Matthieu en Pays d’Iroise — Portsall (29) Is 5, 7 ; Ps 79 ; Ph 4, 9 ; Mt 21, 43

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Chers Amis,

Lorsque j’étais Évêque auxiliaire à Bordeaux, j’étais entouré de vignes et j’avais beaucoup d’admiration pour le travail des vignerons tout au long de l’année : tant le soin qu’ils portaient à la vigne que celui du travail de la vinification elle-même ; autrement dit, toute la peine qu’ils se donnaient afin d’avoir de beaux fruits et donc un bon vin.

Il n’est donc pas étonnant que le prophète Isaïe ait pris cette image de la vigne pour désigner l’amour que Dieu a pour son peuple et la manière avec laquelle Il veut le soigner, le conduire sur un chemin de vie ; Il lui donne tout ce qui est nécessaire et en particulier sa Parole, par les prophètes, pour qu’ils puissent porter du fruit. Les fruits dont parle le prophète Isaïe sont le droit et la justice, car c’est bien cela que le Seigneur souhaite pour son peuple.

Jésus a repris cette image dans la parabole que nous venons d’entendre, et il rappelle le drame qui était déjà dénoncé par le prophète Isaïe, à savoir que malgré tout ce que le Seigneur a fait pour son peuple, les hommes n’ont pas accepté de recevoir Sa Parole, et donc de vivre le droit et la justice. Jésus lui-même n’a pas été accepté, mais au contraire, rejeté. Il est mort sur la croix, lui Dieu fait homme pour prendre soin de nous. L’héritier de la parabole a été lui-même rejeté. Jésus annonce alors que le Royaume de Dieu leur sera « enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ».

De quelle « nation » s’agit-il ? Il ne s’agit bien évidemment pas d’une « nation » terrestre puisque cela concerne le Royaume de Dieu c’est-à-dire la manière avec laquelle le règne d’amour du Seigneur se répand dans le cœur de ceux qui mettent en Lui leur foi, de ceux qui accueillent Jésus dans leur vie et qui s’efforcent de devenir ses disciples. Il est impossible d’y mettre des frontières, car l’amour de Dieu pénètre le cœur des personnes et de toute la Terre. C’est ce que nous voyons et entendons dans les sacrements de l’initiation que nous allons célébrer ce soir.

Quand la parabole de la vigne nous révèle que Dieu prend soin de son peuple, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Jésus, c’est Dieu qui s’est fait homme pour nous libérer du mal et nous conduire sur un chemin de vie. Il a donné sa vie par amour pour nous, et Il est ressuscité d’entre les morts. Désormais, si nous mettons en lui notre foi, rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur, pas même la mort.

Il prend soin de nous par sa Parole de vie, l’Évangile, qui nous éclaire et nous guide. Il prend soin de nous dans les sacrements par lesquels il agit réellement en nous, notamment les sacrements de l’initiation chrétienne que nous allons célébrer aujourd’hui, à savoir le baptême, la confirmation et l’Eucharistie.

Par le baptême, le Seigneur fait de nous les fils et les filles bien-aimés du Père. Par la confirmation, il nous donne la lumière et la force d’être ses disciples en ce monde. Par l’Eucharistie, il nous unit profondément à Lui. C’est son corps ressuscité qui circule dans nos veines. Les sacrements sont une magnifique manifestation de son amour, et cela, pour notre bien.

Dans une des lettres que vous m’avez écrites pour demander à être confirmé, j’ai pu lire cette question : « C’est quoi être chrétien ? ». C’est une bonne question à se poser avant d’être confirmé ! Être chrétien, c’est d’abord croire en Jésus, croire qu’il est vivant pour toujours et qu’il nous délivre du mal. Mais, croire ne suffit pas ! Il faut aussi vivre en disciples dans notre vie de tous les jours ! Pour tenter d’éclaire un peu cette vie de disciple, je prendrai l’image d’un tabouret à trois pieds : s’il manque ne serait-ce qu’un pied, le tabouret est inutilisable. Il en va de même pour nous. Les trois pieds de notre foi, ce sont la prière, les sacrements, et avoir de l’amour pour notre prochain.

Il est évident qu’il n’est pas facile de témoigner de sa foi au milieu de personnes, amis, camarades, collègues qui ne sont pas chrétiens. Je le comprends. Mais, au moins, osons faire ce que Saint-Pierre demande : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous quand on vous en demande raison, mais faites-le avec douceur et respect. ». Si l’occasion se présente au travers de questions ou de conversations, ne passez pas à côté et n’ayez pas honte de dire que vous êtes chrétiens, et surtout témoignez de ce que la foi en Jésus vous apporte, à vous personnellement.

S’il manque ce pilier, c’est toute votre vie chrétienne qui s’écroule !

Priez, pour entretenir l’amitié avec le Christ. Écoutez sa Parole et laissez-vous toucher par ce qu’il a à nous dire. Ainsi que nous le dit Saint-Paul dans la deuxième lecture : « Frères, ne soyez inquiets de rien, mais en toutes circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. ». Soyez des hommes et des femmes de prière.

Priez personnellement, mais aussi participez à la prière de l’Église. Priez avec d’autres, venez à la table de l’Eucharistie, pour vous nourrir de la Parole de Dieu et du Corps du Christ. Recevez le pardon du Seigneur dans le sacrement du pardon.

Ainsi que le dit Saint-Paul comme conclusion de ce petit passage : « Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. ». Là aussi, Chers Amis, sans la prière, c’est toute votre vie chrétienne qui s’écroule !

Tous, nous connaissons la phrase de Jésus dans l’Évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Ils nous invitent à aimer à la manière du Christ, qui ne pensait pas à lui, mais toujours au bien des autres. Il a donné sa vie sur la croix par amour pour nous. Il nous demande d’aimer… jusqu’au bout ! Aimer son prochain, cela commence déjà par avoir du respect pour les autres (camarades, ou professeurs par exemple), même s’ils ne pensent pas comme nous ou sont différents. Respect à leur exprimer de vive voix bien sûr, mais également sur les réseaux sociaux sur lesquels, parfois, on se défoule d’une manière qui est souvent bien éloignée de l’amour du Christ. Aimer, c’est également servir les autres (à la maison et ailleurs), comme le Seigneur qui s’est mis au service des autres : il a lavé les pieds de ses disciples pour leur montrer comment il fallait faire.

Là encore, sans amour, c’est toute notre vie chrétienne qui ne peut tenir !

C’est pour cette raison que le Seigneur par l’Esprit Saint nous donne les moyens de tenir bon, d’être fidèles à nos promesses de baptême, de tenir solidement ces trois piliers dans notre vie !

Dans quelques instants, vous allez exprimer votre foi devant tous. Puis, après le baptême d’Émeline, de Marie et de Justine, vous allez être confirmés. Ce n’est pas vous qui vous confirmez, ainsi que j’ai pu le lire dans une de vos lettres. Non, c’est l’Esprit Saint qui vous confirme dans votre foi et votre amitié avec le Christ. C’est vraiment un don de Dieu, un cadeau qu’il vous fait. Nous sommes heureux de vivre ce grand moment avec vous, vos parrains et marraines et vos familles, même ceux qui ne sont présents qu’en union de prière, empêchés de venir par la COVID-19, comme la marraine de Marie qui est restée au Brésil.

Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon